Page 112 - Goya y el mundo moderno
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sulla pianura. I muri alti e solidi sono sostenuti da torri quadra- te; in una di queste si vede un balcone merlato come una gelo- sia. Al centro un magnifico portone più moderno e costruito nel- lo stile che gli spagnoli chiamano plateresco, vale a dire il rococò del Rinascimento, aggiunge alla vecchia e robusta muraglia la farraginosa complicazione della sua decorazione. Sopra due spe- cie di mensole che formano gli stipiti della porta è poggiata una finestra sormontata a sua volta da alcune torrette cave addossa- te a una sorta di campanile con la guglia decorata con fiori di piombo [...] Di tanto in tanto alcuni teloni coprono il grosso mu- ro in cui si apre una sola finestra con colonnette e frontone tron- cato [...] Un patibolo di ferro addossato al muro della torre in- dica con chiarezza che il padrone di questa romantica dimora ha il diritto di amministrare la giustizia alta e bassa sui suoi domi- ni. In lontananza luccicano acque scure in cui si riflette il cam- panile di una chiesetta cappella”. Si veda Victor Hugo, “Caos en el pincel...”, Museo Thyssen-Bornemisza, Madrid 2000, pp. 336-337.
10 Il tenebroso più o meno sublime fu uno dei motivi ricorrenti dell’arte europea di fine Ottocento. Victor Hugo esercitò una forte influenza su artisti molto diversi, tra cui è necessario cita- re Auguste Rodin, in teoria ben poco goyesco. Rodin eseguì una serie di Dessins noires (1880-1990) che richiamano subito alla mente Goya, anche se l’artista francese segnalò l’influenza di Mi- chelangelo e della pittura italiana, a cui occorre aggiungere quel- la di David e Géricault. Tutto ciò non fa che rendere evidente la complessità della struttura dell’arte di fine secolo e le mediazio- ni a cui fu sottoposta l’opera di Goya.
11 Vogliamo ringraziare Guillermo Solana per la sua gentilezza e per averci dato l’opportunità di conoscere queste lettere. La prima è datata 1832, e a questo proposito è opportuno ricorda- re che il primo articolo francese dedicato a Goya apparve in “Le Magasin Pittoresque” nel 1834. Anche il barone Taylor (Isido- re Justin Severin Taylor) si occupò di Goya nel suo Voyage Pit- toresque en Espagne, la cui pubblicazione ebbe inizio nel 1826, ma i riferimenti all’artista aragonese sono posteriori, risalireb- bero al 1838, secondo quanto affermato da Nigel Glendinning (Goya and his Critics, Yale University Press, London-New York 1977). Le lettere di Delacroix sono quindi molto importanti.
“Devant Tanger, 24 janvier 1832.
“Enfin devant Tanger! Après treize jours fort longs et d’une tra- versée tantôt amusante, tantôt fatigante, et après avoir éprouvé quelques jours le mal de mer, ce à quoi je ne m’attendais pas, nous avons essuyé des calmes désespérants et puis des bourra- sques assez effrayantes à en juger par la figure du commandant de la Perle.* En revanche, des côtes charmantes à voir, Minor- que, Majorque, Malaga, les côtes du royaume de Grenade, Gi- braltar et Algésiras. Nous avons relâché dans ce dernier endroit. J’espérais débarquer à Gibraltar, qui est à deux pas, et à Algési- ras par la même occasion; mais l’inflexible quarantaine s’y est opposée. **J’ai pourtant touché le sol andalou avec les gens qu’on avait envoyés à la provision. J’ai vu les graves Espagnols en co- stume à la Figaro nous entourer à portée de pistolet de peur de la contagion, et nous jeter des navets, des salades, des poules, etc., et prendre du reste, sans le passer dans le vinaigre, l’argent que nous déposions sur le sable de la rive. C’a été une des sen- sations de plaisir les plus vives que celle de me trouver, sortant de la France, transporté, sans avoir touché terre ailleurs, dans ce pays pittoresque; de voir leurs maisons, leurs manteaux que por- tent les plus grands gueux et jusqu’aux enfants des mendiants, etc. Tout Goya palpitait autour de moi. C’a été pour peu de tem- ps. Repartant de là hier matin nous comptions être à Tanger hier
soir. Mais le vent, qui était d’abord insuffisant, s’est élevé si fort sur le soir que nous avons été obligés de franchir entièrement le détroit et d’entrer malgré nous dans l’Océan.”
Original au Musée du Louvre. Dossiers Moreau-Nélaton. Publié par Burty, I, p. 171.
Correspondance de Delacroix, p. 305.
[À Fr. Villot]
Eaux-Bonnes, 24 juillet 1845
“[...] Je vous garde le plus intéressant pour le dernier. Je veux parler des Goya.** Je m’étais muni à Paris de renseignements et de lettres de Dauzats pour différentes personnes à ce sujet. J’ai perdu en route un carton où il y avait des dessins, ces lettres et vos renseignements. C’est ce que je regrette le plus, et vous se- riez bien aimable de me les renvoyer de suite ici. Mais malgré ce- la, j’espère avoir déniché l’objet, et après plusieurs courses vai- nes sans trouver les gens auxquels j’aurais pu m’adresser, le ha- sard m’a servi et j’ai trouvé l’imprimeur qui m’a dit avoir enco- re quelque chose; mais il lui fallait le temps de le chercher et je partais le soir même. A mon passage à Bordeaux pour retourner à Paris, je le verrai et ferai rafle si je puis dans ses cartons. Adieu, mon cher ami, écrivez-moi ce que vous faites et si vous êtes content de votre santé. Je crois que vous ne voyagez pas assez. Les voyages sont pénibles sous beaucoup de rapports, mais ils font vi- vre et, j’en suis convaincu, fortifient. Ils laissent des souvenirs sur lesquels on vit quand on est rentré dans la monotonie. Faites agréer mes souvenirs à tous les vôtres et soignez-vous. Je vous embrasse.
Eug. DELACROIX
Chez M. Miraud, Eaux-Bonnes (Basses-Pyrénées).
N. B. 3⁄4 Il est important que vous me renvoyiez le plus tôt pos- sible les renseignements sur Goya pour faire mes recherches chez l’imprimeur.”
Original à la Bibliothèque d’Art. [À Dauzats. Août 1846.]
“Cher Dauzats, je n’ai absolument rien*** et je le regrette beau- coup. Si d’ici à peu de temps je le puis, je le ferais assurément. Vous m’oubliez: je ne vis pas depuis la promesse que vous m’a- vez faite****: je vous en prie bien, cher ami, vous ferez un heu- reux et discret dans son bonheur. Une jolie femme ne pourrait demander davantage. Goya ou la mort, cher ami.
A vous mille fois.
Original au Musée du Louvre. Dossiers Moreau-Nélaton.
Correspondance de Delacroix, p. 275.
* La Perle, corvette-aviso de dix-huit canons, commandée par M. Jouglas, capitaine de frégate.
** C’était l’année de la grande épidémie de choléra qui ravage a la France.
*** Il s’agit des lithographies de Goya, imprimées à Bordeaux et connues sous le nom des Taureaux de Bordeaux.
Il s’agit d’un dessin ou d’un aquarelle destinée à l’album qui de- vait être offert à la duchesse de Montpensier, à l’occasion de son entrée à Paris.
**** Des lithographies de Goya connues sous le nom de Tau- reaux de Bordeaux.
Eug. DELACROIX”